Au lieu de passer une nuit à Bangkok, je décide de prendre directement un bus qui m’amènera à la frontière Cambodgienne, pour la passer le lendemain matin.

Dans la file d’attente de taxi à l’aeroport, j’entends 2 vieux backpackers dire qu’ils vont à la station de bus à laquelle je vais. Je leur demande si on peut partager le taxi. Ils voyagent depuis plus d’un mois, Je me dis que c’est cool qu’à leur âge ils voyagent comme ça. L’un d’eux m’explique qu’il vient d’Hawaï mais vit entre Hawaï et Bangkok où il a également un appartement. Il me parle beaucoup de son incompréhension des personnes qui ne recherchent que d’obtenir des biens matériels… mais il en parle tellement que je me demande s’il n’envie pas un peu cette vie-là tout de même… Je me dis qu’il faut un juste milieu, en tout cas pour moi. Besoin de stabilité mais d’une liberté qui me permette aussi de voyager et d’expérimenter des nouvelles choses en sortant de ma zone de confort. En me montrant des photos de ses voyages, il m’indique à un moment donné que la jeune femme asiatique est sa petite copine. Et il perd d’un coup beaucoup de crédit à mes yeux. Il doit avoir 70 ans, elle doit en avoir 30. Ils refusent que je paie ma part de taxi et ça, c’est cool.

Je prends ensuite un mini bus de plusieurs heures qui m’amène à la ville frontalière Aranyaprathet. En arrivant toute seule la nuit dans cette ville un peu déserte, je me suis dit que ce n’est pas le genre de choses qu’il faudrait que je fasse en Amérique latine ! Un chien un peu bizarre m’aboie dessus, je m’éloigne à la recherche d’un hôtel. J’en trouve un, très basique, mais c’est tout ce dont j’ai besoin.

Le lendemain matin je marche vers la frontière… je me dit à nouveau qu’il faudrait que je me déleste de pas mal de choses et j’espère qu’Olivia pourra me prendre des affaires. Le Lonely Planet indiquait tous les pièges à éviter à la frontière : les racoleurs qui te disent de passer par tel ou tel endroit, qui veulent faire payer leur « service » 15$. C’est plutôt mal indiqué mais j’arrive à garder mon cap et passer l’immigration Thailandaise. Du côté Cambodgien, c’est encore plus mal indiqué, on ne comprend pas où aller, mais encore une fois j’arrive à passer l’immigration. Ouf, je suis au Cambodge. Il faut ensuite que je trouve un bus pour Siem Reap. Là encore, le Lonely Planet indique qu’il ne faut PAS prendre les navettes gratuites qui amène à une station de bus beaucoup plus chère que la station de bus normale. Je prends donc un taxi moto vers la station de bus normale… sauf qu’aucun bus ne s’apprête à partir. Il n’y a aucune indication nulle part et personne à la réception. On me dit qu’il n’y a pas de bus, qu’il faut prendre un taxi. Ça m’énerve, personne n’est prêt à me dire la vérité et à m’aider, bien sûr qu’il y a des bus pour Siem Reap. J’arrive à monter dans un bus qui me dépose à la prochaine ville, Sisophon, mais qui ensuite va vers Phnom Penh donc prend l’autre route. Je ne vois toujours aucun bus et je capitule. Je donne mon accord pour payer 5$ pour qu’une agence me fasse monter dans un bus. Il n’y a que des locaux dans le bus, il y a même des petites chaises d’enfant en plastique au milieu de l’allée pour que des personnes s’assoient, manque de place. Je me dis qu’ils n’ont certainement pas payé leur billet 5$... mais ce n’est pas grave, au moins je vais arriver à destination.


Siem Reap

Je prends un tuktuk pour arriver jusqu’à l’auberge que j’ai réservée car elle était indiquée comme l’auberge des backpackers. Il y a une piscine mais il y a des travaux dans l’auberge et ce n’est pas vraiment l’ambiance d’Ostello Bello à laquelle j’étais habituée, ni la propreté. Je pense à changer mais le soir même je rencontre une française et je me dis que je vais donc y rester. La population dans l’auberge n’est pas la même qu’au Myanmar. Au Myanmar il y avait beaucoup de voyageur longue durée, qui sont ici pour découvrir les temples. Dans cette auberge, beaucoup de stoners, tout le monde fume son joint, et beaucoup de personnes qui sont installées ici depuis plusieurs mois et qui ne font… rien. Je sors malgré tout ce soir-là avec les gens de l’auberge pour découvrir la nuit à Siem reap. Il y a une rue appelée Pub Street qui n’est faite que de bars et restaurants. C’est très touristique, on se croirait à Kao San Road à Bangkok.

Le lendemain nous allons visiter les temples du Grand Tour avec la Française Francesca en louant un tuktuk. Nous commençons par Wat Phom, un des plus gros temples, et je suis déçue à cause du monde. Énormément de chinois qui parlent très fort et ne respectent absolument pas le lieu. Ça enlève tout le charme du temple, ça me change vraiment de Bagan où les touristes étaient beaucoup plus rares et respectueux. Heureusement les prochains temples font beaucoup plus tranquilles, les cars de chinois n’allant probablement qu’aux temples principaux. Nous continuons donc avec Preah khan, Neak Pean, East Mebon et Pre Rub dont nous apprécions la vue et le mettons en option pour un coucher de soleil. Elle a déjà fait le petit tour la veille, qui comprend les temples les plus connus : Angkor Wat (le plus grand) et Ta Prohm (celui dans la jungle avec les arbres au milieu) donc je le ferai un autre jour.

Le lendemain nous louons un scooter pour faire les temples plus éloignés. Comme à Bagan, nous apprécions beaucoup la liberté que nous donne le scooter, et les paysages. Nous visitons donc les temples du sud Preah koh, Lolei et Bakong, puis nous dirigeons vers le temple de Banteay Srei au nord. Nous nous arrêtons sur le chemin à Wat Phnom Bok, pour lequel il faut monter beaucoup de marches pour arriver en haut de la colline. Le temple n’est pas terrible, mais la vue est magnifique. Nous atteingnons enfin le temple de Banteay Srei qui est très beau au niveau des finitions et des couleurs. Une femme était apparemment impliquée dans sa construction et les éléments décoratifs sont impressionants. Nous sommes ensuite redescendus et avons regardé le beau couché de soleil depuis Pre Rub.

Le troisième jour, Francesca part et je décide de louer un vélo pour faire le petit tour. Je veux surtout faire les 2 temples les plus connus. Je suis un peu déçue par Angkor Wat que je pensais plus beau. C’est certes le plus imposant, le plus grand, mais pas le plus beau. J’aurais aimé avoir un guide car il n’y a pas énormément d’information sur place concernant ce temple, ni les belles fresques des couloirs. Au moins, j’ai évité les chinois en y allant à midi ! Je me suis ensuite dirigée vers Bakheng qui est l’endroit le plus connus pour le coucher de soleil. Si bien que les places sont maintenant limitées à 300 personnes.

En sortant de Bakheng, l’idée stupide d’éviter le gros détour de la grosse route en passant par des sentiers me viens. Le fait qu’il ya une rivière à traverser ne m’arrêtant pas…

Je commence à m’enfoncer dans un petit chemin mais arrive chez des gens qui me disent qu’il n’y a pas de passage. Je fais demi-tour et prend un autre chemin qui m’amène dans la jungle. Je commence à douter mais je suis allée trop loin pour faire demi-tour selon moi, et je pense pouvoir y arriver. C’est de plus en plus difficile, les chemins sont très étroits et plein de racines et mon vélo de ville n’est absolument pas approprié ! je commence à sérieusement regretter, surtout du fait que je sois toute seule. S’il m’arrive quelque chose je suis vraiment mal…

Je garde mon sang froid et décide de rattraper le grand chemin car je ne pense pas pouvoir trouver de pont sur les petits sentiers pour traverser la rivière. Presqu’arrivée au grand chemin, mon enthousiasme me fait aller vite et je réalise à un moment que mon téléphone n’est plus dans le panier du vélo… il a dû tomber ! Je pose le vélo et rebrousse chemin à pied pour essayer de le trouver, je n’y arrive pas. Je fais l’aller-retour 2 fois sans le trouver. Puis je vois une grosse racine sur le chemin, je me dis que c’est en passant par cette racine que le téléphone à dû sauter du panier. Je cherche autour de la racine et à mon grand soulagement je trouve le téléphone ! J’arrive ensuite à rejoindre la grosse route. J’arrive au temple où Tomb raider a été tourné : Ta Prom, et me dit que ma mission dans la jungle était quand même une bonne intro à la visite de ce temple. Je suis crevée donc j’achète tout d’abord une noix de coco pour en boire le jus et me remettre de mon périple. Je visite ensuite le temple et rapidement il devient mon préféré. La Nature a repris le dessus et des arbres poussent littéralement sur le temple. Ça lui donne un aspect vraiment magique et mystérieux. Aux endroits les plus stratégiques, une horde de chinois prennent des photos mais j’arrive à trouver des petits coins tranquilles pour apprécier pleinement l’ambiance du lieu.

Le soir même je prends mon bus de nuit que j’ai d’ailleurs changé à la dernière minute. J’avais pris un billet via la petite agence en face de mon hotel, mais un français à l’auberge m’a informé que les bus de nuit au Cambodge ont très mauvaise réputation et sont dangereux. J’ai donc regardé les avis sur internet de cette compagnie de bus et ils étaient très mauvais : vols, accidents, retards, scam etc… je décidais donc de prendre la meilleure compagnie de bus, même si mon autre billet n’était pas remboursable : la sécurité avant tout.

Arrivée dans le bus de nuit, je me rends compte qu’il y a des couchettes simples et d’autres double (deux couchettes simples très très proches). Oui c’est un bus à couchettes, ou bus-hôtel. Je réalise que je suis sur une couchette double… que je vais donc partager avec quelqu’un. J’espère que c’est une fille sinon ça sera gênant. Mais arrive un garçon d’environ mon âge et le conducteur lui désigne la place à côté de moi. Il y a un couple sur la couchette au-dessus et la fille française lance avec effroi un « mais ils ne se connaissent pas ??!! », auquel nous répondons tous deux : « non ». Le garçon est donc français également. Nous allons à la même destination : l’île de Koh Rong Sanloem et malgré la situation gênante, on sympathise.